Pas simple d’échapper à l’hystérie foot, ni à la saturation visuelle. Comme antidote, voici un chassé-croisé de spectacles vivants forts et autres propositions artistiques qui secouent le cocotier. Et qui ont tous lieu dans un mouchoir de poche temporel.
Donc, le choix est cornélien – avec une réservation qui ne souffre plus d’attendre – entre un chorégraphique bal d’orgueil, une engagée nuit de performances théâtro-littéraires, un conte des temps modernes à dévorer tout cru, une invitation collective à danser sous le balcon et, en mode plus léger – pour ceux que ballon rond démange malgré tout –, une occasion d’inventer de nouvelles règles du jeu grâce à une installation participative baptisée Laby-Foot (photo ci-dessous).
Cette œuvre, qui rime avec bol d’air et convivialité, a été conçue au beau milieu du labyrinthe végétal du Parc Central du Kirchberg par l’artiste français Benedetto Bufalino (né en 1982), ce, dans le cadre de la biennale1+1, organisée conjointement par le Casino Luxembourg et le Fonds Kirchberg.
Il y a fort à parier que le ballon se perde et prenne des raccourcis. Pour tenter de déjouer le pronostic, vous pouvez (en vous dépêchant) assister le 25 juin, de 17.00 à 19.00h, aux matchs d’ouverture impliquant les équipes du FC Swift Hesper (Hersperange) – inscription via visites@casino-luxembourg.lu.
A défaut, vous êtes invité(e.s) à rencontrer l’artiste du bout du pied le lundi 5 juillet le vendredi 9 juillet, chaque fois de 13.00 à 14.00h (inscription idem).
Et puisque l’on est au Kirchberg, il serait inexcusable que j’omette de vous signaler qu’au Musée Dräi Eechelen (ou M3E, voisin du Mudam), une expo nous éclaire d’originale façon sur un pan méconnu de l’Histoire: les légionnaires.
Cette mise en lumière du parcours des Luxembourgeois entrés dans la Légion étrangère française est le fruit de recherches menées conjointement par le MNHA/M3E et le Luxembourg Centre for Contemporary and Digital History (C²DH) de l’Université du Luxembourg (présidé par Denis Scuto).
L’espace d’exposition et le projet multimédia visent à rendre compte de la complexité du thème en offrant aux visiteurs une expérience immersive et interactive inédite.
Une chasse au trésor développée par le VR/AR Lab de l’Uni complète l’exposition permettant de découvrir des lieux associés à l’histoire des légionnaires à travers la ville de Luxembourg.
Infos:
Au M3E (Musée Dräi Eechelen 5, Park Dräi Eechelen, Luxembourg-Kirchberg), l’exposition intitulée Légionnaires – Parcours de guerre et de migrations entre le Luxembourg et la France s’ouvre au public du 1er juillet et reste accessible jusqu’au 28 novembre 2021. Tous les jours de 10.00 à 18.00h – www.m3e.lu
On file à Esch/Alzette. Retour au pied. Au «pas de deux». Ou plutôt au BAL: Pride & Disappointment, un (faux) ballet-documentaire sur le Ballet National Folklorique du Luxembourg, créé en 2017 par la chorégraphe luxembourgeoise Simone Mousset – première artiste associée au Escher Theater –, qui, cette fois, en propose une toute autre recréation, traitant à la fois de la fierté et de la déception, avec la complicité du chorégraphe Lewys Holt.
A en croire le visuel, le résultat artistique et scénique, pour le moins singulier, «prend pour base les inquiétants contextes socio-politiques en présence sur la planète» (photo ci-dessus).
Ça se passe donc au Théâtre d’Esch/Alzette: la première au lieu ce 25 juin (20.00h), avec séance de rattrapage le dimanche 27 juin, à 17.00h. Réserv. tél.: 2754-5010 -5020 ou reservation.theatre@villeesch.lu – infos: theatre.esch.lu
Même ville mais autre lieu: la Kulturfabrik.
Où, dans la grande salle, à travers un parcours de performances littéraires, la Nuit européenne présente plusieurs auteurs européens dont «la vision éclaire notre présent». Mis en œuvre par Ronald Dofing, «ce festival multilingue de voix essentielles et critiques cherche à dévoiler la face cachée de l’Europe à la veille de la grande fête culturelle d’Esch 2022».
Cette Nuit européenne initialement prévue sur deux jours, aura finalement lieu uniquement le samedi 26 juin, à 19.30h. Les tickets achetés pour le vendredi sont valables pour le samedi.
Au programme, entre Angst/Fear sur la résurgence des mouvements populistes en Allemagne et en Europe, Grexit 2, un éclairage cru sur les ressorts de la crise de l’euro en Grèce, et Foucault’s Room, une évocation du séjour sous haute surveillance du jeune philosophe Michel Foucault en 1958 en Pologne communiste, notez Requiem, où Sylvia Camarda offre une relecture chorégraphique de la voix prophétique et de la passion politique de Pier Paolo Pasolini «qui résonnent avec force dans notre actualité, sur fond des images du désastre migratoire en Méditerranée».
Pour une autre soirée coup de poing, direction le Grund, avec Le dernier ogre.
Comme beaucoup de contes, Le dernier ogre n'est pas destiné aux enfants. Cette pièce, remarquée au Festival d’Avignon et programmée initialement dans le cadre du festival Siren’s Call – finalement reporté en 2022 – débarque donc à Neimënster, le 26 juin, à 20.30h. En langue française. Réservation obligatoire: billetterie@neimenster.lu ou tél.: 26.20. 52.444.
La pièce croise deux récits: celui d’un ogre, inspiré du Petit Poucet de Perrault – un récit dans lequel l’ogre raconte comment il a commis l’irréparable en tuant ses propres filles – et celui d’une vie somme toute banale, celle d’une famille partie s’installer à la campagne pour changer de mode de vie – avec le témoignage d’un père d’aujourd’hui qui rêvait pour ses enfants d’une vie saine, écologique, à l’abri des pollutions et des nuisances urbaines. Puis la lente bascule du quotidien vers le drame absolu. Dénouement fatal.
Entre slam, concert et live painting – sur scène, Marien Tillet, auteur, récitant et metteur en scène, est accompagné par Mathias Castagné à la guitare électrique et par Samuel Poncet qui peint en direct le décor du conte –, ce spectacle dénonce les dérives de la tendance hipster, «il nous fait poser des questions sur notre mode alimentaire et ce que les parents souhaitent transmettre à leurs enfants». «Ces interrogations viennent éclairer quelques impensés et bousculer des évidences».
C’est puissant, radical, à la fois grave et railleur, concret et onirique.
Et un projet tricoteur de lien social pour conclure. Qui nous conduit à Sanem. Avec Voix Moi, une création de Lucoda – Luxembourg Collective of Dance – pour raconter l'ère post-Covid par la danse (photo ci-dessus ©2021 Lucoda). En l’occurrence, le 27 juin, de 12.00 à 13.00h, et de 14.00 à 15.00h, dans le quartier de Waassertrap, plusieurs performances «autour des gestes que la pandémie a modifiés dans notre quotidien» seront proposées aux habitants, livrées directement sous leurs fenêtres!
Avec Voix Moi, Lucoda prend ses marques dans le sud du Luxembourg en vue d'Esch2022 Capitale européenne de la culture: plaçant les habitants au centre de tous ses projets, le collectif entend, pour l'année culturelle, «continuer à explorer et questionner la représentation, en injectant la danse contemporaine dans le quotidien du territoire».
Impossible du coup de passer sous silence la dernière édition du 3 du TROIS – ou soirée du 3 juillet, dès 19.00h, à la Banannefabrik, siège du TROIS C-L (Centre de création chorégraphique luxembourgrois) au 12 rue du Puits à Bonnevoie.
Tout est prévu pour vous transporter à travers des expérimentations flamboyantes: (re)découvrez le mouvement Kitchen Sink avec Emmi Venna, plongez dans les états d'âme humains les plus extrêmes et les plus égarés avec Léa Tirabasso – son A million eyes est un message envoyé à l’univers – et grâce à HVNGRY for more, retrouvez-vous dans le panthéon d'icônes queer de Valerie Reding!
Pour ce vaste programme qui ne vous laissera pas de marbre, infos et réserv. tél.: 40.45.69 www.danse.lu
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