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  • Marie-Anne Lorgé

Tissages et... bonbon menthe

Au menu du jour, zigzag pour applaudir des artistes de tous poils. Avec aussi une escale à l’encre, le temps de vous parler de Lignes de partage, une cohabitation de 22 poètes du Luxembourg, puis de filer une histoire d’amour… à Bénestroff.


Si ça ne vous plaît pas, je mange mon chapeau.


Alors, oui, la sculpture a la cote – avec Steel, Wood, Stone & Co, le premier Salon du genre organisé les 28, 29 et 30 mai à Differdange, dans le splendide Hall O (sis Avenue Parc des Sports), où participent notamment des membres de «Sixthfloor», Katarzyna Kot-Bach, Wouter van der Vlugt, Lukas Arons et Tom Flick.


Et oui, le FlamencoFestival Esch est de retour, avec une 15e édition flamboyante, d’ici le 1er juin – si les spectacles de l’Escher Theater du 28 mai, Sin Permiso par la Cie Ana Morales, et du 30 mai, Flamenclown par la Cie Laura Vital, affichent apparemment complets, ne ratez pas Cruces, par la Cie José Manuel Álvarez, le samedi 29 mai 20.00h, à la Kulturfabrik.


Sinon, c’est à Neimënster, (Luxembourg-) Grund, que la metteure en scène franco-syrienne Leyla Rabih livre un travail de longue haleine sur les traces indélébiles que laissent les exils sur les réfugié.e.s, un travail sous forme de théâtre documentaire qui a donc pour toile de fond les migrations récentes en Syrie et qui s’appuie sur des témoignages – mêlés à des récits de voyage, des archives historiques sonores et visuelles – pour s’intituler Traverses (photo ci-dessus).


Ça se vit déjà ce jeudi 27 mai (20.00h), mais pour ceux qui n’auraient pas eu de place, une seconde représentation est prévue vendredi 28/05 (20.00h). En langue française. Réservation obligatoire par e-mail billetterie@neimenster.lu ou tél.: 26.20.52.444.


Tous les récits ont des berges mouvantes.


La preuve à géométrie variable, en compagnie de Jean Portante et de Pierre Joris, deux auteurs nomades, en compagnie aussi d’André Faber, un voyageur immobile.


On ne présente plus le romancier, poète et traducteur Jean Portante, auteur en tout cas de langue française né à Differdange, qui vient de commettre «la première anthologie de la poésie luxembourgeoise publiée en Europe», rameutant 22 poètes du Grand Duché et de sa diaspora, autant de «faux francophones et vrais poètes … à la rencontre d’une littérature méconnue».

Avec Lignes de partage, c’est le titre de l’opus (de 272 pages), sorti dans la Collection Tissages des Editions Bruno Doucey (Paris), «tout un territoire poétique se trouve enfin cartographié. De quoi faire naître d’autres envies de voyage en poésie». Laquelle chante au moins en trois langues: le français, l’allemand et l’anglais. En librairie dès le 17 juin 2021.


Parmi les 22 poètes de Lignes de partage (dont Serge Basso de March, Guy Helminger, Nico Helminger , Anise Koltz, Tom Nisse, Tom Reisen, Nathalie Ronvaux , Lambert Schlechter, André Simoncini, Florent Toniello, Hélène Tyrtoff et René Welter), il y a Pierre Joris.



Grand navigateur entre les langues (l'anglais, le français, l'allemand, l'arabe, le luxembourgeois), entre les littératures et entre les cultures, Pierre Joris (né à Strasbourg en 1946, basé dans l’Etat de New York) revient au Luxembourg pour la remise son prix – en l’occurrence, le Prix Batty Weber 2020, qui couronne son oeuvre complète «laquelle permet au lecteur de découvrir le monde à partir de ses marges, de flâner dans la diaspora et de s'y sentir chez soi» mais aussi pour la grande exposition qu’il met sur pied avec la complicité de la plasticienne Nicole Peyrafitte, son épouse, ce, à la galerie Simoncini (6 rue Notre-Dame à Luxembourg) à partir du 5 juin – jusqu’au 15 juillet.

Sous le titre Actions/ Travaux karstiques, cette exposition – peintures, textes et vidéos – donnera à «découvrir le travail de ces deux artistes qui interviennent sur le territoire l'un de l'autre et dont les oeuvres se nourrissent l'une de l'autre» (photo ci-dessus).


C’est un tissage entre les arts baptisé «domopoétique», terme inventé par le couple d’artistes, qui fait écho à leur créativité partagée, «fruit d’une longue pratique commune mêlant les écrits du poète aux divers outils sonores et picturaux de la performeuse».


Parce que conçu «en guise de réaction moderne à toutes formes de raccourcis idéologiques et de myopie intellectuelle», ce singulier travail en symbiose ne se boude sous aucun prétexte.

Une performance live ouvrira l'expo le 4 juin, à 18.00h – j’y reviendrai.


Et puisque le monde est un village, voici… Bénestroff



Cette petite commune rurale du Grand Est (français) ne vous dit peut-être rien, mais c’est la terre d’enfance d’André Faber, illustrateur (créateur notamment du strip Monsieur l’Homme) mais aussi écrivain (premier roman paru en 2014), poète, qui saisit par l’odeur, les couleurs, les sensations et les émotions ses souvenirs de vacances passées «dans ce quelque chose d’une île» qu’était Bénestroff, posée «quelque part au milieu des champs, perdue entre creux et bosses».


A Bénestroff, chez ses grands-parents, où les soirs d’été «il y avait des arbres dans le ciel. Des arbres en or plantés à l’envers», il y allait en train «à l’époque de mes douze ans, les trains crachaient de la fumée, tout comme les bateaux, tout comme l’usine où travaillait mon père». Sa mère lui glissait un bonbon à la menthe pour faire passer le voyage.


Le train allait vers Emma dont il ne connaissait pas encore le nom.


La suite se lit comme un bol de lait tiède.


C’est un récit de l’intime – qui ricoche dans l’imaginaire de chacun aujourd’hui publié par les Editions libertaires, où le livre se commande sur le site https://editions-libertaires.org


Sinon, L’amour à Bénestroff, c’est comme ça que le livre s’intitule, est disponible à Metz dans la librairie «La Cour des grands» … en attendant de rencontrer son auteur lors du festival «Le Livre à Metz»: André Faber y sera présent du 18 au 20 juin, avec ses valises de pudeur, de poésie, d’humour aussi.


Mais pour André, le «truc magique» se situe ailleurs. Dans l’événement littéraire que Bénestroff organise en automne autour de son opus, avec lecture, discussions, partage. Le plus fort, dit-il, «c’est que ma mère est partante à 96 ans. Revenir dans le village de l’enfance, aux temps merveilleux, avec ma mère? Mieux que le Nobel. L’émotion sera forte.»


Il est comme ça, André.

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