«En ces temps de restrictions et de confinement, le livre est l’occasion de faire entrer les musées et l’art dans nos maisons». La preuve avec Mystères aux musées, un adorable ouvrage (cartonné) destiné aux enfants de 3 à 10 ans, édité par les «Amis des Musées» et réalisé par Marie-Isabelle Callier, une auteure-illustratrice belgo-luxembourgeoise qui expose également/actuellement à la galerie Simoncini. J’en profite aussi pour faire un saut à Bourglinster où il est question de… plexi.
Sur la couverture du livre – écrit en français et traduit en trois langues: luxembourgeois (Nuechtzauber an de Muséeën), allemand et anglais –, le clocheton de verre du Mudam se profile dans le fond du décor, d’où, en avant-plan, se détache le fort Thüngen, édifice militaire situé au parc Drëi Eechelen (ou Trois Glands).
Ce qui est certain, c’est qu’il fait nuit et que l’histoire qui se trame est une échappée nocturne perpétrée dans les six musées de Luxembourg, sachant que cette découverte en catimini des lieux et de certaines de leurs œuvres (dont d’artistes luxembourgeois, à l’exemple de Su-Mei Tse et de sa fontaine d’encre au Mudam ou de Claudia Passeri et de son néon au «Casino»), cette découverte muséale, donc, est en même temps l’occasion de déambuler dans la ville en traversant des endroits parfois méconnus.
A qui doit-on cette visite aussi impromptue qu’inédite? A un sympathique personnage: un petit faune sorti d’un tableau accroché au MNHA (Musée national d’art et d’histoire), qu’accompagne un ami à quatre pattes, le petit chien en terre cuite de Mansfeld. Leur aventure noctambule commence ainsi au MNHA d’où ils s’évadent par la passerelle. C’est une sorte de jeu de piste entre le présent et le passé, entre des espaces, des personnes et des œuvres parfaitement reconnaissables grâce à la qualité du dessin.
Sachant que tout livre est un sésame pour l’imaginaire et que l’art détient le même trousseau de clés, on imagine aisément que le livre qui ouvre plaisamment les serrures «peut aider les enfants à aller aux musées»: c’est en tout cas toute la bonne fortune que l’on souhaite à cet ouvrage très sensible et graphiquement/textuellement très aéré, en vente au prix de 20 euros dans les librairies Alinéa et Ernster, aussi chez Diderich à Esch, ainsi qu’à l’accueil de chacun des musées partenaires (le Casino Luxembourg - Forum d’art contemporain, le Lëtzebuerg City Museum, le Musée d’art moderne Grand-Duc Jean (Mudam), le Musée Dräi Eechelen, le Musée national d’histoire et d’art (MNHA) et la Villa Vauban - Musée d’art de la Ville de Luxembourg) que l’association des Amis des Musées soutient notamment en y organisant des visites guidées, des conférences ou des rencontres exclusives avec des artistes et des curateurs.
Ce livre dédié aux enfants, le premier du genre publié par les «Amis», s’inscrit dans la mission de transmission et de pédagogie de l’association, ce qui ne l’empêche pas de chaperonner la sortie de l’opus par une série de produits dérivés, dont sacs en toile, jeu de cartes postales réactivant des scènes du livre, masques buccaux, badges et autocollants du jeune héros et de son chien. Initialement, le livre devait sortir lors de la Nuit des musées, qui a traditionnellement lieu en automne, mais que les mesures sanitaires ont évidemment contrainte au report.
Toutefois, sans attendre l’automne 2021, sachez que les magnifiques aquarelles de Mystères aux musées sont exposées au rez-de-chaussée du Musée national d’histoire et d’art durant les mois de novembre et décembre.
Notez aussi que Marie-Isabelle Callier, qui a par ailleurs été choisie par POST pour dessiner les deux timbres de Noël de cette année, animera des ateliers pédagogiques (entre autres) au Mudam le 26/11, au «Casino» le 3/12, au Lëtzebuerg City Museum le 13/12 et au MNHA en janvier.
Et ce n’est pas tout, on retrouve Marie-Isabelle Callier à la galerie Simoncini (au n°6 de la rue Notre-Dame) où elle «explore le thème de l’eau et de ses variations infimes, avec sa technique d’aquarelle sur tissu», où, en même temps, elle «poursuit son travail sur les arbres, jouant avec les transparences de son papier ciré. Aux murmures de l’eau répondent discrètement les bruissements des feuillages des canopées». Une poésie accessible jusqu’au 20 décembre.
De transparence(s) il en est aussi question dans les Annexes du château de Bourglinster où Sandrine Ronvaux accroche ID Work in Plexi, ses derniers travaux nés pendant le confinement, dans la solitude de son atelier d’artiste et qui, indéniablement, «questionnent le rapport à l’autre, son altérité, son identité aussi».
C’est à coups d’empreintes digitales, sept au total, forcément uniques mais chacune porteuse d’une histoire singulière, que Sandrine mène un duel contre l’absence. «Les sillons digitaux se transforment en un motif dont les couleurs varient et correspondent aux traits de caractère des personnages. Les empreintes sont dès lors reproduites, répétées, transformées, manipulées, déclinées et utilisées» comme des sortes de portraits parfaitement abstraits. A la fois isolés et rassemblés.
Dans sa façon de rendre l’absent visible, dans son obsession à peupler le vide, Sandrine superpose chaque empreinte d’un plexi, un écran plat carré parfois coloré qui aurait le pouvoir d’éclairer, comme une mémoire. Au final, force et fragilité fusionnent, tout comme la matière et l’immatériel. A l’image de l’humain, fait de corps et d’émotion.
Ce travail très intime se laisse apprivoiser jusqu’au 19 novembre, sur rendez-vous – tél.: 621.832.470 ou par mail: hello@sandrineronvaux.com
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