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Marie-Anne Lorgé

Semer des graines

«La nature, c’est la force dans la fragilité, la fragilité dans la force», c’est Arne Quinze qui le dit, ce plasticien belge qui de Shanghai à Rouen, de Beyrouth à Mons en passant par New York, sème des installations monumentales aux allures d’ architectures organiques, histoire de mettre de la couleur dans les villes.


Et la nature dont parle Arne Quinze, c’est celle dont l’humain s’est coupé. C’est donc en cherchant à en comprendre le pourquoi que l’artiste instinctif s’est décidé à ouvrir son jardin secret, soit: des centaines de toiles où il fait éclore et bouture… des fleurs (à voir jusqu’au 29 août, au Bam, musée des Beaux-Arts de Mons).


En fleurs, juin s’y connaît. Expert en roses. Semeur aussi de coquelicots. Dans le vert ou le blond des champs, difficile de les rater. Chaque plante peut produire des milliers de graines que le vent dissémine, de quoi éclabousser l’horizon de rouge. C’est une plante messicole (liée aux moissons), à ne surtout pas cueillir (sous peine de mort subite), tout comme le bleuet, qui, lui, n’en finit pas… de décliner.


Dans mes dessins de vacances d’enfance, il y avait toujours un bleuet…


Et aujourd’hui, dans les cartons du KompleX KapharnaüM, groupe de graphistes, peintres, vidéastes, designer sonore et auteurs associé à Esch2022 Capitale européenne de la culture, il y a Bloom, un projet artistique dont l’enjeu est d’une simplicité ambitieuse: «Semer les graines du monde de demain».


La méthode du collectif est rudimentaire. Arpenter le bitume, parcourir la ville – Esch-sur-Alzette, en l’occurrence, précisément du 23 au 28 juin –, «être à l’affut de rencontres inopinées, frapper aux portes, glaner dans l’intime, collecter les anecdotes pour humaniser le récit du passé».


«Cette immersion relationnelle sera documentée, certaines traces publiées sur Instagram avec le #KXKMesch2022 pour créer un fil rouge de cet ensemencement». Et l’ensemble de la matière servira de base aux formes spectaculaires de KompleX KapharnaüM qui vont s’installer dans la ville, dans les mois à venir.



Puisqu’on est à Esch, restons-y. Avec un autre ensemenceur, Fred Blin (photo ci-dessus), comédien emblématique des Chiche Capon, trio (français) de clowns modernes, qui débarque à la Kulturfabrik le samedi 19 juin avec son spectacle solo: A-t-on toujours raison ? Which Witch Are You ? (spectacle d’1 heure en français).


«Ce sera résolument un spectacle sur la différence, avec quelques notions de dressage. Des animaux morts, vivants, drogués, heureux, là n'est pas la question ! Parce que, certes il faut s’en occuper, mais dans le fond un animal ça dépanne toujours !». Cela dit, Fred Blin parlera essentiellement de la nature humaine: «On dit de l'homme qu'il a du mal à montrer sa vraie nature, rien de moins étonnant quand on sait que la nature, elle même, a ses propres secrets».


Ça se passe donc ce 19 juin, 20.00h, ça urge. Réservez sans respirer, d’autant que cette soirée sera l’occasion de dévoiler la programmation de la 10e édition du fabuleux «Festival Clowns in Progress» (attendu pour octobre 2021) et d’en ouvrir la billetterie.


Sachez aussi que la Kulturfabrik accueille un nouvel artiste-associé en résidence. Il s’agit de Sacha Hanlet – auteur-composteur-interprète, musicien et producteur luxembourgeois, créateur du groupe Mutiny on the Bounty – qui, trois ans durant (jusqu’en mars 2024), bénéficiera d’un accompagnement humain et financier à long terme afin de développer son projet solo: Them Lights.


Them Lights, c’est un projet artistique global, avec interdépendance de la musique (savant mélange de pop, d’electro, de r’n’b), des visuels, des lumières et du son «afin de permettre au public de vivre une véritable expérience».


Enfin, s’agissant de semer les graines du monde de demain, impossible de ne pas encore dire deux mots de DKollage, en raison de son engagement aussi socio-culturel qu’éco-responsable.

D’ailleurs, si DKollage ne vous dit rien, c’est que vous vivez sur une autre planète.


Ça se passe à Dudelange. Dans le nouveau quartier urbain Neischmelz, sur le site de l’ancienne usine, DKollage, processus collectif de rénovation du bâtiment Vestiaire-Wagonnage, toujours aussi déterminé et passionné, entre dans sa phase 2. Pour la cause, jusqu’au 31 juillet, DKollektiv, le groupe (artistes, architecte, géographe) qui pilote le projet, vous invite – appel plus énergique que jamais – à participer à différents chantiers «afin de se réapproprier ensemble cet espace et le faire évoluer».


Pour que l’utopie annoncée se concrétise, il s’agit encore et principalement de traiter les murs, de reposer les plinthes du futur espace citoyen, d’améliorer la salle d’eau (dont restauration du carrelage), de conserver les matériaux encore utiles, d’offrir une seconde vie à la décoration intérieure, de fabriquer des voiles solaires pour la cour et des rideaux pour le labo du Fotoclub à partir de tissus récupérés, il s’agit encore de transformer une ancienne roulotte en serre. Bref, il s’agit de retrousser ses manches, de mobiliser les bonnes volontés et les savoir-faire.


Et ça marche, ça bouge, toujours dans la bonne humeur. L’expérience vaut d’être vécue !


Les chantiers participatifs ont lieu les samedis, encore le 19 juin, puis les 3, 17 et 31 juillet, chaque fois de 09.30 à 17.00h – sachant qu’une jam session clôturera la phase 2 le 31 juillet, dès 17.00h.


Bien sûr, il faut s’inscrire: info@dkollektiv.org, tél.: 621.634.460.

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