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  • Marie-Anne Lorgé

La Kulturfabrik se réinvente



Si vous vous dépêchez, vous pouvez encore participer aujourd’hui, samedi 4 juillet, à 18.00h, au «Get-Out !», la fête de clôture de la première des courtes résidences artistiques que la Kulturfabrik d’Esch met actuellement sur pied (et jusqu’en septembre encore) pour soutenir les créatifs si malmenés en ces étranges temps viraux.


Ce programme résidentiel, baptisé «Squatfabrik» eu égard au passé de squat artistique de la Kufa – donne carte blanche à un binôme ou trio d’artistes qui ne se connaît pas, chaque fois différent toutes les deux à trois semaines.

Ça se passe dans les anciens locaux de la Keramikfabrik, vacants depuis septembre 2019, là où, pour l’heure, trois plasticiens partagent/confrontent leurs oeuvres, tantôt fonctionnelles, tantôt purement esthétiques, parfois éphémères. Il y a Irina Moons et ses transferts de dessins géométriques sur textile, il y a Mett Hoffmann, adepte de design et de recyclage, en l’occurrence de feuilles calques d’architecte qu’il transforme en formes grosso modo organiques, purement décoratives ou utilement adaptables en luminaires. Et puis, il y a Nora Wagner (sur la photo) et sa façon d’aborder la figure de l'«orphelin» – chacun étant orphelin quelque part ou de quelque chose , en un film stop motion: «ce sera un documentaire mêlé de scènes de rêve», dit-elle.


Le stop motion étant une technique d’animation image par image qui permet de créer un mouvement à partir d’objets immobiles, c’est précisément aux maquettes que Nora travaille à la Keramikfabrik: la tâche est vaste, le résultat forcément inachevé, mais déjà prometteur, avec une maison flanquée de longues racines visibles métaphore de la quête cardinale de tout orphelin –, avec aussi une grotte, interprétation du mythe platonicien, ou de cette légitime et parfois vaine tentative de chacun de trouver sa place. Et «cette grotte existe réellement», précise Nora, qui en peaufine une version aussi symbolique que réaliste.


Et donc, si vous vous dépêchez, tout de ces univers vous sera dévoilé ce soir… A défaut, sachez que c’est le trio Trixi Weis, Letizia Romanini et Alexandra Lichtenberger qui prendra la relève dès le 6 juillet, histoire de planifier votre inévitable retour à la Kulturfabrik. Qui se réinvente.


«Premier lieu à être confiné, le dernier à se déconfiner», la Kulturfabrik, dont la grande salle de spectacles reste close, rebondit… en différents espaces, affectés à différents projets, à commencer par le «Kufa Summer Bar», une grande terrasse extérieure à l’ambiance cosy, bricolée par la récup’ et le vintage, où le public est accueilli par des concerts acoustiques, des performances, par un marché des créateurs aussi.


La Kulturfabrik reprend donc du service, en élaborant «La Fabrik de demain», une programmation certes post-Covid mais vrillée à son ADN: être un véritable lieu de vie. Que ce soit clair, bien autre chose qu’un spot estival, «La Fabrik de demain» commence aujourd’hui... et ça va faire du bruit, ça va faire du bien.


Dans le rétroviseur, la Kufa, c'est une date, 2002, et c'est un nom, Serge Basso, qui prend la direction du lieu auquel il imprime une triple ligne: le dialogue, le transfrontalier et la pédagogie. Serge, un fort en gueule attachant, est celui qui a su convaincre le politique et fédérer la création au-delà des frontières – à l’exemple, notamment, du festival «Clowns in Progess»; il est aussi, entres autres, le premier à avoir misé sur ces «Connexions» caractérisant le plan de développement culturel de la Ville d’Esch-sur-Alzette. Serge s’en va – il bat officiellement en retraite en décembre , cédant son poste de pilotage à René Penning. C’est une transition exemplaire. En fait, c’est beaucoup mieux que ça: c’est une filiation.

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