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Marie-Anne Lorgé

Des histoires autrement

Dernière mise à jour : 22 janv. 2021

Ciel en berne, neige noircie: une envie de vivre en couleurs?


Ça tombe bien, cette semaine a l’allure d’un gros bouillon à la fois plastique et visuel, et je me dis qu’il n’est peut-être pas absurde d’en baliser quelques repères. Avec, en raccourci, de la gravure, de la diablerie, du pliage et du «work in progress». De Luxembourg – via le Musée national d’histoire et d’art, la Bibliothèque, la Cinémathèque ou les Rotondes – à Esch-sur-Alzette (Kufa… et plus).



L’événement, c’est au MNHA (Musée national d’histoire et d’art) que ça se passe, ainsi qu’à la Bnl (Bibliothèque nationale du Luxembourg), qui s’associent en un projet commun valorisant le patrimoine graphique du pays. Vaste programme. Du coup, axé sur la seule figure humaine – mais c’est déjà énorme –, balayée de 1945 à nos jours – c’est tout aussi énorme –, qui plus est à travers une stupéfiante diversité de techniques, laquelle a d’ailleurs nécessité la consultance professionnelle du collectif Empreinte, atelier de gravure asbl, fondé en 1994, spécialisé, au demeurant, dans la gravure en creux, sur cuivre.


C’est dense – une sélection de 170 œuvres, déclinée à travers cinq thèmes, ce qui légitime que l’expo Figure in Print se déploie en deux lieux, deux temps – et, surtout, c’est extrêmement qualitatif. C’est une mise en lumière de la richesse de cet art gravé souvent méconnu et des artistes – 84 au total, d’hier et d’aujourd’hui – qui l’ont admirablement servi et anobli (photo: Marc Rising, Homage to Rembrandt,2002).


Ça mérite le détour, sans condition, ni modération. Et je vais y revenir, copieusement, dès que la Bnl aura – le 28 janvier, en l’occurrence –, révélé son trésor d’estampes et les chapitres qui lui sont dévolus, à savoir: Le corps en action et L’homme dans la société.


Pour l’heure, au MNHA (aile Wiltheim), c’est ce 22 janvier (ouverture au public sans cérémonie d’inauguration) que La représentation humaine dans la gravure au Luxembourg fait une ample halte sur les Portraits, l'Abstraction et le Nu. Et pour avoir eu l’occasion d’en faire le tour, je peux affirmer… qu’il convient d’y revenir plusieurs fois.


Parallèlement, notez qu’au Casino Luxembourg l’expo collective L’homme gris, qui traite de la représentation du diable dans l’art contemporain, est non seulement prolongée jusqu’au 6 juin (voir mon post La beauté du diable), mais qu’elle s’accompagne en janvier d’une programmation de films –tout un cycle de métaphores diaboliques, dont The Devils de Ken Russell le 21/01 ou Possession de Zuławski le 26/01 – et d’un ciné-concert, le 29/01, à 19.00h, histoire de découvrir comment Häxan de Christensen, monument intemporel, est plus que jamais d’actualité (grâce au live soundtrack de RAUM). Ce, à la Cinémathèque de la Ville de Luxembourg (infos: www.cinematheque.lu).


«Lorsque le cinéma révèle nos démons intérieurs, l’écran se fait miroir, et les diables enfouis apparaissent en pleine lumière, dans l’obscurité de la salle». Mais dans l’enceinte du «Casino», c’est l’ensemble United Instruments of Lucilin qui explore toutes les possibilités d’une autre perception de L’homme gris en deux concerts, le samedi 30 janvier à 17.00h et le dimanche 31/01 à 11.00h. Réservation: visites@casino-luxembourg.lu



De papier, il en est aussi question, à sa façon, aux Rotondes, à la faveur de Fabula Rasa, un programme qui «montre que, en livre ou sur scène, pour bien raconter une histoire, il ne faut pas avoir peur d’en bousculer les codes». Démonstration avec les spectacles – déjà tous complets, mais le programme est à consulter sur www.rotondes.lu –, ainsi qu’avec AB/ AUGMENTED BOOKS 2.0, une jolie et sensible expo d’éditions jeunesse augmentées.


Clairement, du 23 janvier au 7 février, s’il n’est pas nécessaire d’aimer lire, ça n’empêche pas d’aimer… s’amuser avec les livres: «il suffit d’un pli bien placé, d’un coup de ciseaux ou d’un glissement de doigt sur une tablette pour que les histoires débordent des pages et prennent vie. (…) Les mots, les images et les personnages couchés sur le papier s’évadent vers d’autres mondes, virtuels ou bien réels».


En compagnie des artistes – Adrien M & Claire B, Alice Brière-Haquet & Sylvain Lamy (3oeil), Clémentine Sourdais (Hélium éditions), Dirk Kesseler & Yorick Schmit (Rotondes & Kremart Edition), Fanette Mellier (Editions du livre), Inkyeong & Sunkyung Kim (Editions du livre), Mathilde Bourgon (Gautier-Languereau) et Trinitat Olcina & Juanjo Oller (Milimbo), rendez-vous les jeudis et vendredis de 15.00 à 19.00h, et le samedi 30/01 + dimanche 31/01 de 11.00 à 19.00h, ainsi que le samedi 6/02 + dimanche 07/02 de 11.00 à 18.00h.


Pour l’ouverture, les 23 et 24 janvier, outre les visites libres, les artistes animeront des «Labos pour les enfants» (totem, cfr la photo ©Mathilde Bourgon, et pliage, entre autres).


L’entrée est gratuite mais la réservation préalable d’un créneau horaire est obligatoire. Tél.: 2662.2030 ou par email: tickets@rotondes.lu.



Enfin, à Esch-sur-Alzette, la Kukturfabrik réactive sa Squatfabrik (l’ancienne Keramikfabrik), métamorphosée dans la foulée du premier confinement en une résidence artistique, en un espace de création que les artistes du collectif cooperationsART Wiltz, en l’occurrence, ont décidé de réinvestir afin d'approfondir leur recherche artistique initiée en août 2020 (photo: ©Shariel Baptista).


Et donc, le collectif est de retour, pour un mois, du 25 janvier au 26 février, le temps d’accoucher de What made you look for a safe space ?, un «work in progress» qui pourra être suivi de près durant toute la période, tandis que les œuvres achevées seront directement exposées (du 1er au 26 février) et les artistes prêts à vous accueillir (du lundi au vendredi, de 10.00 à 21.00h).

Pour être plus précis, cette fois, la galerie Terres Rouges se greffe à la Squatfabrik pour faire office de refuge à cooperationsART Wiltz, réseau d'artistes interdisciplinaires et inclusifs. Concrètement, alors que la galerie – non chauffée – se transforme en salle de travail pour des sculptures et des installations qui transcendent l'espace et la langueur monotone, la Squatfabrik, bien tempérée, sert en revanche de centre pour les œuvres nécessitant un travail long et minutieux. «Une disposition spatiale qui créée une symbiose entre le dur et le doux, le chaud et le froid, l'art et l'art». Il est prévu que le processus artistique se termine par une grande œuvre ouverte au public.


Entrée libre (port du masque obligatoire). Infos: www.kulturfabrik.lu, ou www.cooperationsart.com, tél.: 95.92.05.72.


Et puisqu’on est à Esch, restons-y. Tout schuss jusqu’à la galerie Schlassgoart – pavillon du centenaire Arcelor/Mittal (bd Grande-Duchesse Charlotte) – où l’expo Vox Nox fait cohabiter deux jeunes artistes luxembourgeois, le photographe Yann Ney et le plasticien Marc Soisson «qui nourrissent leur imaginaire de la translation de l’invisible et de l’allégorie». Ouverture le 22 janvier, à 19.00h (inscriptions nécessaires par courriel: nathalie.becker2@bbox.fr).

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