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Marie-Anne Lorgé

Chouette, un hibou !

Le long de votre circuit sculptural – à Luxembourg, en vertu du parcours anniversaire du GAF (Gare Art Festival), et à Vianden (8e édition du KonchtTour) – faites donc un crochet par Rodange. Surtout de nuit, pour une dose de sorcellerie.


Bettina Scholl-Sabbatini est à l’oeuvre.



Mélusine, sa version monumentale, ailée et dorée – notamment installée devant la Spuerkeess Luxembourg lors de l’édition de 2018 de la biennale «De Mains de Maîtres» – est associée au joyeux et symbolique florilège en bronze de la sculpteure (luxembourgeoise) Bettina Scholl-Sabbatini, fondue de mythologies et d’allégories, à qui l’on doit aussi un curieux trône, coiffé autant qu’habité par une petite tête ronde – qui patiente au beau milieu de la rue de l’Alzette, à Esch/Alzette, ville natale de l’artiste –, à qui l’on doit encore, comme en un inventaire à la Prévert, des créatures émergeant de coquillages tels des petits génies malicieux, auxquels s’ajoutent des hiboux, qualifiés de «pharmacies nocturnes» par la conteuse en trois dimensions qu’est Bettina.


D’ailleurs, c’est un hibou totémique, de 7m30 haut, qui trône (depuis juillet 2020) rue Jos. Moscardo à Rodange, avec des tranches de rails en guise de plumage – raccord avec le passé sidérurgique de la région –, deux énormes orbites noires et une sorte de gong ventral, un gros oeuf jaune or qui balance comme un cœur, qui bat la mesure du temps …


Et le hibou, c’est une longue histoire…


Déjà, il s’éveille la nuit, le hibou. Ce qui, paradoxalement, ne l’empêche pas d’être symbole de sagesse et de connaissance (laquelle, par les temps qui courent, manque cruellement d’éclairage). On dit aussi que «le hibou rit la nuit dans les bois des espiègleries que font aux hommes les sorcières». Et donc, Bettina de prouver ainsi que la sculpture est soluble dans la fable, considérée, selon les sources, comme un alphabet de l’humanité.


Photo ci-dessus: Christiane Olivier

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