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  • Marie-Anne Lorgé

Allegro

Parce que le temps passe au bleu, voici une invitation photographico-aquatique: on suit à la barque le photographe Tito Mouraz, et le résultat intitulé Fluvial est visible dans l’espace Camões, Centre culturel portugais à Luxembourg (où il est aussi question de la présentation, le 15 juin, du livre Fado du marché, une promenade photographique en noir et banc de Michelle Ney) – je vous guide ci-dessous.


Voici aussi (toujours ci-dessous), en rappel pour les distraits, les points cardinaux musicaux qui donnent un goût de vacances. Ou de nuits blanches, c'est selon.


Sinon, sans transition, je vous signale également que pour célébrer son 125e anniversaire, le Lycée des arts et métiers a donné carte blanche à l’artiste Edmond Oliveira… qui s’est délibérément et radicalement éloigné de l’expo rétrospective. Est ainsi né Think Ahead, un projet qui, impliquant les compétences (sonore, graphique, multimédia) de tous les étudiants du lycée, propose une projection dans le futur. C’est à voir sans modération au Tramsschapp, jusqu’au 20 juin – je vous en parle demain.


Mais d’abord, musique.



On a pu craindre que les cigales ratent le solstice d’été cette année, vu les ombres répandues par la crise sanitaire, or, voilà, elles sont bien là, et comptent bien se faire entendre, se réapproprier l’espace public et le vivre ensemble.


Et donc, sur tous les tons de la gamme, il y a l’indéboulonnable Fête de la musique, 20e édition, qui, du 11 au 21 juin, essaime en 136 concerts gratuits (de tout acabit, de tout format) dans 37 localités du pays – sachant qu’à Luxembourg, c’est le parc Mansfeld qui sert de caisse de résonance.


Et il y a les inespérées Francofolies Esch /Alzette, du 11 au 13 juin, au parc Gaalgebierg, avec une affiche séduisante: Yseult, Sébastien Tellier, Camélia Jordana, Feu ! Chatterton, Philippe Katherine, mais aussi et entre autres la rappeuse luxembourgeoise Nicool.


Notez que les Francos eschoises commencent théâtralement (donc, au Escher Theater) avec, le 11 juin, 20.00h, la pièce Petit frère, la grande histoire Aznavour (https://theatre.esch.lu/event/petit-frere-la-grande-histoire-aznavour-2). Et que la Kulturfabrik se met au diapason en proposant, le vendredi 11 juin, dès 19.00h, une soirée jazz/electro avec les groupes Klein (LU), Glass Museum (BE) et Tukan (BE), ce, dans la grande salle (c’est payant !). Bien sûr, le Kufa Summer Bar est de la partie, entrée libre, avec deux DJ sets gratuits en extérieur, A Boy Named Seb (BE) et Leen (FR).



On débarque au Centre culturel portugais-Camões. Où, invité dans le cadre du Mois européen de la photo, inféodé au thème de la nature et du paysage, Tito Mouraz – né en 1977 à Beira-Alta –nous rend complice d’une expérience esthétique, celle qu’induit inévitablement la rencontre de l’eau et du ciel. Sauf qu’avec Tito Mouraz, cette rencontre nous ouvre à des champs inexplorés.


Bien sûr, il y a le ciel qui se noie dans l’eau, ou l’eau qui devient aussi bleue que le ciel – même le reflet des arbres devenus ombres, ne change rien à l’illusion. Bien sûr, il y a l’écume, qui ourle les rouleaux d’eau comme des fils argentés. Et bien sûr que de ce spectacle, notre regard est captif, comme de toute esthétique de carte postale. Sauf que par son installation photographique, Tito Mouraz permet à «une géographie visuellement tombée dans la banalité» de précisément échapper à cette banalité.


D’abord, parce que cette géographie est celle de l’intime: c’est celle de l’enfance de l’artiste, passée sur les plages «entre le Douro et le Tage». Il en connaît tous les recoins, il en exploite tous les mirages, à l’abri de toute recherche topographique, plutôt à l’affût des métamorphoses dues à l’érosion, cette usure que le temps fait subir tant aux éléments qu’à la vision.

Dans le sillage du land art, la nature n'est plus simplement représentée, c’est au cœur d’elle-même que Tito Mouraz travaille. Il fait naître des cailloux comme des sculptures; aussi, il confond les corps, le minéral et l’humain, les fait cohabiter comme des formes simples, parfois immergées, toujours modelées par la lumière.


Au final, Fluvial, méditation photographique menée entre 2011 et 2018, convertit le réel en une atmosphère de fiction. Et l’échappée est particulièrement belle. Jusqu’au 3 septembre.


Concernant le Fado du marché, rendez-vous, même lieu, le 15 juin, à 18.30h, pour la présentation de ce livre photos pas comme les autres, qui, déjà, ne contient pas de… «clichés», pas de ces clics volés au cours d’une excursion touristique.


Dans ce livre, on avance pas à pas, lentement, comme on lit une histoire vraie. Ce n’est donc pas une fiction, pas non plus un exercice savant ou expérimental, ni surtout une sorte de documentaire (ethno-sociologique) sur la vie des femmes dans un coin de province portugaise, dans les années 80.


Michelle Ney, l’auteure, a compris que la photo, ce n’est pas l’appareil… mais l’attention portée à l’autre. Et le résultat, en noir et blanc, a cette humanité-là, cette humilité aussi.


Enfin, sachez que le Centre culturel portugais-Camões accueille deux danseuses chorégraphes, Vânia Rovisco et Andresa Soares, le temps d’une performance le 21 juin, à 19.00h, laquelle performance fait écho au projet Enigma initié pour 2022 par le plasticien et réalisateur français Pierre Coulibeuf, dont la toile de fond est/sera Neimënster.


Photos:

Sans titre, projet Fluvial, 2015 © Tito Mouraz


Infos:

Centre culturel portugais-Camões, 4 Place Joseph Thorn Luxembourg, tél.: 46.33.71-1 (réserv. par mail: ccp-luxemburgo@camoes.mne.pt).

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