- Marie-Anne Lorgé
La mesure des choses
Alors on danse? Voilà qui serait apparemment le refrain de la rentrée…
Ce qui ne m’empêche pas de brièvement évoquer d’abord ce voyage immobile jamais égalé qu’est la lecture.
A l’évidence, la crème solaire n’a pas été d’une extrême utilité sous le ciel de nos contrées. Au contraire du bouquin, traditionnellement embarqué dans les bagages de vacances, qui, à défaut d’échappée exotique, a pu, des jours durant, vous tenir chaud. Et donc, ce n’est pas fini, grâce aux 521 nouveaux romans déferlant comme une marée dans les librairies, grâce aussi, du 26 au 29 août, à un festival qui mérite que l’on s’y abandonne au moins une fois dans sa vie: je nomme l’Intime Festival, dont le credo est «Laisser parler les livres. Et les écouter».
Initié par Benoît Pelvoorde, ce festival littéraire, installé à Namur, invite (depuis 2013) des comédiens à transmettre leurs émotions textuelles par la voix, en ouvrant toutefois cette année une parenthèse au théâtre. Mais un théâtre accouché de la littérature, puisqu’il s’agit de Liberté, j’aurai habité ton rêve jusqu’au dernier soir, un spectacle né d’une rencontre imaginaire entre René Char et Frantz Fanon – spectacle en l’occurrence créé en juillet au Festival d’Avignon. Infos: intime-festival.be
Beaucoup plus près de chez vous, il y a le Fond-de-Gras (Differdange), où le 29 août, dès 11.30h, en version pique-nique conté, vos oreilles ont le loisir de se régaler d’histoires savoureuses mitonnées par Luisa Bevilacqua. Infos & réserv.: www.minettpark.lu
Sinon, pour achever un été qui a failli à sa réputation tout en empoignant sans rancune la rentrée, gros mot de l’année généralement négocié à reculons, voici une salve d’utopies possibles, à ciel ouvert ou non, ici ou pas loin. A l’horizon, de la danse (le très attendu «Aerowaves Dance Festival Luxembourg»), de la performance (celle de la soprano Véronique Nosbaum arraisonnée au festival «Water Walls»), du cinéma (le film La mesure des choses arrimé à l’expo 52 Hertz au Centre d’art contemporain du Luxembourg belge), et aussi cela qui implique une participation citoyenne, à savoir: DKollage – là, on est à Dudelange, et, oui, je sais, j’en ai déjà beaucoup parlé, mais ça vaut d’y revenir en deux coups de louche (ci-dessous).
Plan cult selon un ordre chronologique.

Premier arrêt. Comme tous les deux ans, Aerowaves Dance Festival Luxembourg, qui en est à sa 4e édition, revient à la rentrée pour surprendre, interroger, émouvoir, éblouir et faire vibrer le public avec huit spectacles de danse, labellisés par le réseau européen Aerowaves - Dance across Europe, spectacles répartis en quatre soirées, du mardi 31 août au samedi 4 septembre, et en deux lieux, à neimënster (dans le Grund) et au TROIS C-L (Centre de Création Chorégraphique Luxembourgeois).
Au TROIS C-L, rue du Puits à Bonnevoie, aura précisément lieu la première édition du «3 du TROIS» de la saison (donc, le 03/09), avec son invitation à voyager dans l’aventure d’une guerrière, la Luxembourgeoise Anne-Mareike Hess, et à explorer l'univers fantasmagorique d’Emede Cuhorka & Csaba Molnár ! En amont de ces 2 représentations, soit à 17.00h, retrouvez-vous autour d'une conférence avec Yuval Pick développant sa méthode Practice ainsi que son processus créatif.
Sinon, en gros, ça donne quoi?
Le 31/08, à 19.00h, la Turquie s'invite dans l'enceinte de neimënster avec Rattling, une pièce de sortie de résidence élaborée par Evrim Akyay & Su Güzey, deux lauréat.e.s du programme Aerowaves, une première dans le cadre du festival luxembourgeois, suivie de Tanzanweisungen, un mélange explosif du Munichois Moritz Ostruschnujak ou le portrait d'une masculinité stylisée qui entraîne le danseur jusqu'à l'épuisement.
Le 02/09, toujours à neimënster, La Ménagère (à19.00h) est une pièce féministe de Rebecca Journo explorant comment l'exécution des archétypes féminins et la répétition des tâches viennent impacter le corps dominé. Inès Belli enchaîne avec POSTMODERN COOl, revisitant avec humour la nostalgie de la danse jazz et de son esthétique, prégnantes dans les années '80 n et 90'.
Le 04/09, encore à neimënster (19.00h), avec The ephemeral life of an octopus, une ode à une force de vie vibrante empreinte de chaos et de dysfonctionnement, Léa Tirabasso (franco-luxembourgeoise) «offre une vision complète du corps, de son intérieur jusqu'à son extérieur». C’est Joy Alpuerto Ritter qui clôt le tout avec Babae, un solo «qui articule des parallèles entre les racines philippines et la formation classique de l'artiste, tout en utilisant un vocabulaire empreint de la culture hip-hop et du voguing».
Photo ci-dessus: © Csaba Mészáros, Károly Csorba
Infos: danse.lu & neimenster.lu - Billetterie neimënster, tél.: 26.20.52.444. Billetterie TROIS C-L (inscriptions pour la masterclass), tél.: 40.45.69.
Sinon, procédant de l’économie circulaire, il y a le festival «Water Walls», à Esch-sur-Sûre, où, jusqu’au 25/09, les projets (des installations artistiques) prennent (une autre) vie par le collectif et par la performance. Ce sera le cas avec Véronique Nosbaum, sa promenade musicale et synesthésique entre la forêt et les astres encadrant le nomade projet de Justine Blau, composé de drapeaux… ensemencés.
Concrètement, sous la forme d'une déambulation dans les sous-bois environnant Esch-sur-Sûre, au sein de l'installation Ensemencement, la soprano luxembourgeoise Véronique Nosbaum, accompagnée par Cristina Alís Raurich jouant d'un petit orgue portatif, va nous emmener dans un voyage entre les époques. Mêlant des sonorités du Moyen-Âge, des moments d'improvisation et différents textes d’une sorcière contemporaine, ce parcours en sons, en mots et en saveurs boisées, se veut créer un pont entre les mystiques d'hier et les magiciennes écoféministes d'aujourd'hui.
Où? Près du pont, rue Kaundorf. Quand? Le dimanche 29 août à 11.00h, ainsi qu’à 18.00h. Gratuit sur réservation en ligne: https://www.waterwalls.seibuehn.lu/
Et ce sera aussi le cas avec Marco Godinho qui fera lecture d’un ensemble de récits et poèmes, écrits avec son frère Fabio, inspirés d’une résidence d’écriture sur place et de rencontres avec les habitants de la région. Marco et Fabio offriront ainsi des mots à la rive… Où? Sur la plate-forme circulaire surplombant le Barrage 5. Quand? Le samedi 4 septembre, à 14.00h et à 15h30. Entrée libre sans réservation – Idem même chose le 25/09.

Et nous voilà à Buzenol (commune d’Etalle), à 20 kms d’Arlon, là, entre forêt et étang, où niche l’irrésistible CACLB (Centre d’art contemporain du Luxembourg belge), accoucheur d’œuvres en communion avec la nature.
L’escale est magique, je m’en explique régulièrement, et l’actuelle expo intitulée 52 Hertz, qui fait référence au chant d’une baleine singulière, symboliquement déclinée par l‘artiste plasticien Didier Mahieu, contribue à l’enchantement.
Alors, le samedi 28 août, saisissez la dernière occasion de découvrir 52 Hertz, de 14.00 à 18.00h, à la faveur par exemple d’une immersion pédestre dans le vert. Sinon, en une sorte de programme cadre, cochez dans votre agenda la projection en avant-première du film La mesure des choses (visuel ci-dessus © Iota Production), ce, le 26 août, à 20.30h, au Cinéma Patria de Virton.
Comme une gigantesque promenade poétique tout autour de la mer, ce film de Patric Jean «nous questionne avec une urgence étonnante: notre volonté de mesurer le monde pour le maitriser n’est-elle pas tombée dans une démesure qui perd son sens pour l’être humain et nous fait nous brûler les ailes?». Un temps d’échanges avec le réalisateur, en compagnie aussi du plasticien Didier Mahieu, est prévu après la projection. Réservations tél.: (00.32) 063.58.20 28 (Ciné Patria) ou (00.32) 063. 22.99.85 (CACLB) – PAF: 6 €.

Et on atterrit avec… DKollage. On est donc à Dudelange, sur le site de l’ancienne usine sidérurgique de Dudelange. Pour les distraits, DKollage c’est le nom d’un programme de chantiers participatifs mis en œuvre par le collectif d’artistes DKollektiv en vue d’une rénovation/ réappropriation du bâtiment Vestiaires-wagonnage, là, au coeur du nouveau quartier urbain en devenir, baptisé Neischmelz – photo Lorgé: «Geméisjam» du 31 juillet.
DKollage en est désormais à sa «Phase 3», déjà les bacs jardiniers débordent de légumes, tous cuisinés lors de la pause-déjeuner de chaque chantier. Il y en aura 4 au total, chaque fois le samedi de 09.30 à 17.00h, et ça démarre le 04/09 – puis le 18/09, le 02/10 et le 16/10. Avis à tous les savoir-faire, à toutes les bonnes volontés. S’inscrire sur www.dkollektiv.org/dkollage.
C’est aussi le 4 septembre que FerroForum clôture sa saison.
FerroForum, c’est un tiers-lieu culturel, tout comme le Dudelangeois bâtiment Vestiaires-wagonnage, c’est aussi une friche sidérurgique défrisante, mais c’est celle d’Esch-Schifflange, et c’est une cité interdite en passe de devenir le futur Quartier Alzette. Infos: moien@ferroforum.lu, tél.: 621.41.76.28.
Et donc, c’est le 4 septembre qu’une découverte déambulatoire du site vous est proposée, partant du Ratelach de la Kulturfabik – départ à 14h30, retour à 19.00h. Mettez de bonnes chaussures, un casque et rejoignez l’expédition (places limitées) en réservant par e-mail sur ferroforum@outlook.com