Avec rats des villes et rats des champs.
«Se mettre en congé. Ne plus y être pour personne…», comme l’écrit Jean-Pierre Otte Sur les chemins de non-retour. Et arpenter le grand paysage de ma mémoire. Fait de briques peintes en blanc. Où depuis des mois la pendule s’est tue. Mais «tout est à sa place: les livres sur l’étagère, l’eau dans la bouilloire, la colère hors de cette maison» (dixit Cécile Coulon dans Noir volcan).
C’est la vieille ferme retapée après journée par mon grand-père. C’est non pas une maison mais la maison devenue de famille. Où mon enfance a escaladé les escaliers, où les ombres et les lumières, les objets et le lin des draps, le saule et les capucines autour de l’étang, les étés pleins de petits pois, de yaourts à la fraise, de promenades sur le chemin encore de sable, de foin et de bleuets, d’odeurs et de grains de blé pour taquiner le goujon, de bleu de lessive contre le dard des guêpes, de draps (encore eux) étendus sur l’herbe, d’heures à écouter, l’oreille collée au poste radio, les péripéties de la famille Duraton, les étés puis les Noëls, les anniversaires et tout ce qui se partage à table, ont façonné ce que je suis.
Mais, voilà, tout disparaît avec ma mère.
Ma mère n’a pas disparu – contrainte toutefois à l'exil dans un lieu de soins – mais la maison est en vente.
J’erre. Le cœur cogne sur les photos, les armoires, les absences. Je repousse le temps de la poussière, trompe le silence et… j’actionne le percolateur. Quelque chose de lourd et de sourd vrille mes tempes. Un papillon passe, j’ouvre la fenêtre. Le ciel est autre.
Du coup, dans le ciel de votre été, comment papillonner ? Réponse en trois paysages. Trois festivals, un campagnard, deux urbains.
D’abord, direction la réserve naturelle Haard à Dudelange. Pour le festival «Acoustic Picnics». Où, jusqu’au 28 août, artistes et performeurs se partagent la «scène» pour un programme «unplugged» au sens le plus strict. Sans électricité, sans combustible fossile. Et dans le respect écologique le plus absolu: zero waste, pique-nique composé de produits locaux…
Et puis, en version ville, une nouveauté, le festival «TRIBUNE/ Dance Your Self» – mitonné par le 3CL sur le Plancher des Coulées (dans le haut-fourneau A, Belval) – et un rendez-vous qui n’a plus rien à prouver: «Congés annulés», le festival estival des Rotondes (Luxembourg-Bonnevoie), réputé pour être «l’une des meilleures raisons de rester au Luxembourg quand les températures commencent à grimper». «Congés annulés», c’est, jusqu’au 24 août, un vivier de concerts, de showcases et de DJ sets. En prime, le parvis est l’idéal endroit de longs apéros au soleil. Donc, pour le fun – et le bon son – pas besoin d’aller bien loin.
Concernant «TRIBUNE», du 4 au 6 août, le TROIS C-L (Centre de Création Chorégraphique Luxembourgeois) propose un florilège de spectacles exclusifs ainsi que des workshops inédits offrant un dialogue multiculturel, créatif et contemporain entre 3 chorégraphes luxembourgeois.e.s et 3 chorégraphes lituaniennes.
Les chorégraphes Agniete Lisickinaite et William Cardoso lancent la première soirée avec leurs œuvres respectives Hands Up – qui explore la culture de la protestation ainsi que son impact – et Raum – «un lieu de rencontre où nos démons se confronteront à une volonté de forme d’équilibre».
Lors de la deuxième soirée, Grete Smitaite interprète Cracks – abordant la complexité de l’être humain comme une entité multiple –, et de son côté, dans sa pièce (di)SPERARE, Giovanni Zazzera «remet les croyances en question et leur impact sur les individus et la société» (photo ci-dessus: © Giovanni Zazzera).
T’s not your Dream de Vilma Pitrinaite et Wat does not belong to us de Sarah Baltzinger – une déconstruction de l’image de la masculinité – sont les deux pièces bouclant la dernière soirée du festival.
Et puisqu’on en est à parler du corps, arrêt sur le dos… de Cristina Dias de Magalhães, tel qu’elle le livre dans sa série photographique Embody. «De face je suis, de dos je subis. Mon visage, mes mains, mes gestes me donnent tant de possibilités d’exprimer ma joie, mon bonheur, ma tristesse, ma douleur. Mon dos reste stoïque, invité du moment présent, géant de chair qui silencieusement accumule sur lui les souvenirs d’une vie. "Embody" se lit comme les notes de chevet, dévoilant un jeu entre l’ombre et la lumière, l’intime et le dévoilé, le présent et l’absent».
Embody (photo ci-dessus © Cristina Dias de Magalhã) s’expose jusqu’au 27 août, au Manège Rochambeau, ce, à Vendôme, là où bat son plein la 18e édition des «Promenades photographiques».
Chaque année, depuis 2005, lesdites «Promenades» font essaimer des photographes et des artistes visuels professionnels à Blois, Vendôme et Sargé-sur-Braye (en l’occurrence, il y a 23 expositions au total), comme une invitation à découvrir tous les domaines de la photographie d’hier et d’aujourd’hui… et la région Centre-Val de Loire aussi. A ne pas rater sur la route de vos vacances.
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